Guinée : Mohamed Béavogui et les défis de la transition
Après plusieurs semaines d’attente, le Comité national du Rassemblement et du Développement -CNRD- a doté la Guinée d’un nouveau Premier ministre, chargé de diriger la transition. Mohamed Béavogui, l’oiseau rare, est un fonctionnaire international au charisme irréprochable. Doté d’une grande expérience internationale, M. Béavogui a désormais la lourde tâche d’accomplir les missions du CNRD définies dans la charte récemment publiée par la junte.
Ces missions, comme mentionné dans cette même charte, “se résument à la rédaction d’une nouvelle constitution, la refondation de l’Etat, la lutte contre la corruption, la réforme du système électoral, la refonte du fichier [électoral], et l’orgnaisation des élections libres, crédibles et transparentes et la réconciliation nationale”.
Des missions certes claires, mais dont l’accomplissement ne sera pas facile tant les défis qui attendent la Guinée sont importants, divers et variés. A cela, le nouveau Premier ministre risque d’être confronté à un paysage politique des plus compliqués en Afrique du fait de l’ethnocentrisme, érigé en règle de compétition électorale.
Cependant, Mohamed Béavogui a encore le bénéfice de doute du fait qu’il ne s’est jamais mêlé à la gestion des affaires en Guinée même si c’était le même cas pour Alpha Condé en 2010. Qui finalement a deçu plus d’un Guinéen à cause d’une gouvernance bancale, d’une corruption généralisée et une impunité sans précédent.
Nous osons espérer que Mohamed Béavogui en bon technocrate saura éviter certains pièges ethniques dont certains, tapis dans l’ombre, sont champions en Guinée. L’une des clefs de sa réussite dépendra de sa capacité à unir les Guinéens autour des idéaux et des valeurs en tenant compte de leurs compétences et non de leur origine régionaliste ou ethnique. Cela va de l’intérêt général de la Guinée et des Guinéens en vue d’amorcer un développement irreversible.
Nul doute que le nouveau Premier ministre a les atouts et les compétences nécessaires au regard de son expérience dans les institutions internationales et de son riche carnet d’adresses qui auraient largement pesé à son avantage pour sa nomination. La Guinée en a besoin. Mais pour cela, l’un des défis aussi est de prendre rapidement des mesures draconiennes pour lutter la corruption, et réformer l’administration publique fortement politisée. Certes, on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Il y aura de la frustration. C’est pourquoi, il doit s’armer de courage et avoir l’accompagnement du CNRD pour une transition réussie qui va poser les jalons de la renaissance d’une nouvelle Guinée.
En attendant la composition du gouvernement, l’espoir est encore permis.