Finances, Pêche, Mines : des réformes courageuses qui posent les jalons d’une refondation économique pérenne

De l’élaboration de budgets citoyens orientés vers les investissements, aux programmes financiers rassurants pour les partenaires en passant par une politique minière qui défend et préserve les intérêts de la Guinée, les autorités de la transition réunissent les fondamentaux d’une gouvernance qui pose les bases solides du développement de la Guinée.

La Guinée célèbre ce 5 septembre 2023, l’An 2 de la prise du pouvoir par le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement). Depuis deux ans, les chantiers ouverts dans le domaine économique sont tous aussi nombreux qu’ambitieux.

L’on retiendra en premier, la mise en route du Programme de Référence Intérimaire (PRI) et le Plan de Relance Economique (PRE), son outil d’opérationnalisation. Adossé aux référentiels de développement nationaux et internationaux comme « Vision Guinée 2040 », « La Vision 2050 de la CEDEAO » et « l’Agenda 2063 de l’Union africaine », PRI se veut d’être un outil de développement du pays. Son coût global est estimé à 108 mille milliards de francs guinéens, soit plus 12,2 milliards USD, pour 358 projets.

Le gouvernement espère à travers sa mise en œuvre, favoriser une croissance soutenue et diversifiée de 6,6% en moyenne annuelle sur la période 2022 – 2025.

Il faut noter que depuis le 5 septembre 2021, le cadre d’analyse macroéconomique s’est aussi renforcé. Le taux d’inflation est passé à un chiffre, se situant à 6% en juillet. Au même moment, la croissance se consolide, atteignant 5,5% du PIB en 2022. Elle devrait se situer à 6,4% du PIB en fin décembre 2023.

 Crédibilité renforcée auprès des partenaires financiers

La lutte menée sous le leadership du président de transition, Colonel Mamadi Doumbouya, pour réduire les fractures sociales et favoriser une croissance inclusive trouve un écho favorable auprès des partenaires techniques et financiers. Environ 400 millions USD ont été mobilisés auprès de la Banque mondiale, la BID, la BAD et l’AFD dans le cadre des appuis aux projets. A cela s’ajoute « la signature de la convention d’utilisation des DTS reçus du FMI pour 284 millions USD, l’apurement des arriérés intérieurs de l’Etat, la réduction de l’endettement du trésor auprès de la BCRG dont la situation est redevenue positive en faveur du trésor de l’ordre de GNF 643 milliards et la mobilisation exceptionnelle des recettes non fiscales à hauteur de 83 millions USD », explique une note du ministère de l’Economie et des Finances.

L’État s’est investi dans la mécanisation de l’agriculture et la constructions d’infrastructures routières. Des investissements rendus possibles grâce à une mobilisation accrue de ressources internes. Ainsi, 1 800 milliards de francs guinéens sont mobilisés dans le cadre de l’épargne intérieure par l’émission d’Obligations du Trésor.

Autant d’efforts couplés à la transparence budgétaire qui ont fini par mieux positionner le pays. En si peu de temps, la Guinée est sortie de la liste des pays fragiles de la Banque Africaine de Développement (BAD). Elle est aussi passée de pays à faible revenu à pays à revenu intermédiaire au dernier classement en date de la Banque mondiale. Un bond que seuls deux pays africains ont pu réaliser.  Dans la réalité, cette progression s’explique par la hausse du revenu par tête d’habitant qui est passé de 1 010 USD en 2021 à 1 180 USD en 2022.    

Le secteur de la pêche se revitalise

Le secteur de la pêche fait sa mue sous le CNRD. Après le redéploiement de plus de 300 agents dans les services déconcentrés, l’Etat multiplie les efforts pour approvisionner le marché local en poisson. Au moins 373 888 tonnes ont ainsi été acheminés en 2022 contre 309 042 tonnes en 2021, soit une augmentation de 21%. 

Aussi, le gouvernement a procédé à l’ouverture d’une ligne de crédit de 22 milliards de francs guinéens pour soutenir l’approvisionnement du marché local en poisson, l’installation des poissonneries modernes, l’acquisition d’embarcations, intrants de pêche artisanale et ainsi que le développement de la pisciculture.

Un programme prioritaire présidentiel visant à booster la pêche artisanale mis en branle avec l’appui de la coopération japonaise a procédé à la distribution de 10 000 nappes de filets conventionnels, la fourniture de 110 moteurs hors-bords, 21 000 flotteurs et des projecteurs pour l’éclairage des débarcadères. 

Les réformes engagées dans le secteur donnent des résultats. Au total 10 millions de dollars recettes provenant de la pêche ont été versées au Trésor public. Ce qui est encourageant pour un secteur qui, en 2021, était confronté à une interdiction des exportations des produits halieutiques vers les marchés de l’Union européenne et une insuffisance des infrastructures de soutien à la production, à la conservation des produits de pêche

D’indispensables réformes dans le secteur minier

Les mines contribuent pour 20% au PIB et représente environ 80% des recettes d’exportation. Un secteur stratégique en pleine mutation depuis l’avènement du Conseil National pour le Rassemblement et le Développement.

Après la signature de l’accord-cadre du projet Simandou, l’Etat guinéen et ses partenaires Rio Tinto et Winning Consortium Simandou ont réussi à signer le pacte d’actionnariat de la Compagnie du Transguinéen (CTG). La relance des travaux par le Colonel Mamadi Doumbouya en mars et la signature des accords fondateurs pour les infrastructures ferroviaires et portuaires nourrissent l’espoir que ce projet de 15 milliards de dollars d’investissement a atteint un point de non-retour dans sa phase de développement. Faut-il rappeler que Simandou est le plus grand gisement de fer inexploité au monde avec une teneur en fer estimée à 65%. Le Transguinéen, chemin de fer de 650 km muti-utilisateurs et multi-usagers devrait contribuer à diversifier l’économie guinéenne.

Les réformes sont passées aussi par l’élaboration d’une stratégie portant sur la mutualisation des travaux de construction des projets de raffinerie d’alumine avec un suivi rigoureux des chronogrammes. À cela s’ajoute la rénovation et l’équipement du Laboratoire National de la Géologie et le déploiement de 24 de ses agents pour le suivi des opérations de traitement de l’or et de la bauxite.

Par ailleurs, il faut noter que l’Etat est passé à l’application du prix de référence de la bauxite. Dans le même sillage de l’application du Code minier, il entretien des discussions avec les sociétés minières en vue du rapatriement de 50% des recettes en devises, ainsi que la construction de leurs sièges sociaux. L’acquisition des engins roulants et la construction de quatre directions préfectorales et trois régionales ont contribué à améliorer les conditions de travail des cadres du ministère des Mines. Résultat, les recettes mobilisées par ce département ont totalisé 118,92 milliards de francs guinéens.  

Le bilan en deux ans de gouvernance du CNRD reste encourageant. Et le gouvernement semble s’inscrire dans la même dynamique en misant sur des investissements dans les infrastructures de base. En témoigne la Programmation budgétaire pluriannuelle 2024-2026 adopté le mois dernier qui projette 108 131,81 milliards de francs guinéens de recettes et 132 604,59 milliards de francs guinéens de dépenses.

Elie Camara Pour la Synergie de la presse en ligne

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