La Libye au centre d’une visite surprise d’Erdogan

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a effectué mercredi une visite surprise à Tunis, où il a évoqué avec son homologue tunisien le conflit en Libye et les tensions régionales suscitées par un renforcement de la coopération entre Ankara et le gouvernement libyen d’union.

M. Erdogan, qui a rencontré pour la première fois le président Kais Saied, entré en fonctions le 23 octobre, a déclaré lors d’une conférence de presse avoir évoqué la coopération avec la Tunisie pour aider à un règlement du conflit libyen.

« Nous avons discuté des moyens de coopérer pour parvenir à un cessez-le-feu en Libye dans le cadre de la relance du processus politique », a dit le président turc, dont le pays appuie militairement le gouvernement d’union (GNA), reconnu par l’ONU.

« L’impact des développements négatifs en Libye ne se limite pas à ce pays mais touche aussi les pays voisins, en tête desquels la Tunisie », a ajouté M. Erdogan.

La Tunisie partage une longue frontière avec ce pays plongé dans le chaos et accueille des milliers de Libyens depuis la révolte ayant conduit à la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

La Libye est déchirée entre deux pouvoirs rivaux: le GNA, basé à Tripoli (ouest), et dans l’est un pouvoir incarné par le général Khalifa Haftar, qui a lancé début avril une offensive pour conquérir la capitale.

Celui-ci est soutenu par l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis, des pays avec lesquels la Turquie entretient des relations parfois tendues.

M. Erdogan a par ailleurs appelé la Tunisie, mais aussi le Qatar et l’Algérie à participer à la conférence internationale sur la Libye que doit organiser l’ONU début 2020 à Berlin.

De son côté, Kais Saied a souligné « la complexité accrue » de la crise libyenne, et évoqué « le soutien du président Erdogan à une initiative tunisienne sur la Libye.

Annoncée lundi par M. Saied dans un communiqué, cette initiative appelle « tous les Libyens à s’asseoir à la table des négociations pour parvenir à une formule de sortie de crise ». 

– Soutien militaire « si nécessaire » –

La Turquie a été critiquée pour avoir conclu le mois dernier un accord militaire avec le GNA, ainsi qu’un accord maritime, également en novembre. Ce dernier accord  vise à étendre les frontières maritimes de la Turquie et a notamment été dénoncé par la Grèce.

Sur la Libye, commentant les informations faisant état de la présence de mercenaires soudanais et russes aux côtés des forces pro-Haftar, M. Erdogan a déclaré: « Je me demande ce qu’ils font en Libye et à quel titre ces 5.000 Soudanais et ces 2.000 autres de la compagnie russe Wagner s’y trouvent. Qu’ont-ils à faire sur place et quelles sont leurs connexions? »

« Si la Turquie est invitée (à envoyer des troupes en Libye), nous accepterons l’invitation car nous au moins nous avons un accord » avec le GNA, a prévenu M. Erdogan.

Dimanche, le président turc avait déjà déclaré que son pays augmenterait son soutien militaire à Tripoli si nécessaire, et sous toutes ses formes.

« Nous évaluerons tous les types de soutien militaire, y compris au sol, sur mer et dans les airs si nécessaire », avait dit le dirigeant turc.

AFP

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