Amnesty réclame la libération du journaliste algérien Khaled Drareni
L’ONG de défense des droits humains Amnesty International a appelé jeudi les autorités algériennes à libérer le journaliste indépendant Khaled Drareni, en détention préventive depuis la fin mars, et à mettre fin au « harcèlement ciblé des médias indépendants ».
« Les autorités doivent immédiatement et sans condition libérer Khaled et mettre fin à ces poursuites scandaleuses. Il est puni simplement pour avoir osé faire son travail journalistique de façon indépendante et courageuse », dénonce Heba Morayef, directrice d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, dans un communiqué.
Khaled Drareni est le fondateur et directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune. Il est aussi correspondant de la chaîne de télévision française Tv5Monde et représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Algérie.
Le comité de défense de M. Drareni a déposé une demande de libération provisoire devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger, a rapporté jeudi le site Casbah Tribune. Les avocats du journaliste ont affirmé que celui-ci « offre toutes les garanties pour se présenter le jour de son procès » et que son emprisonnement est d’autant plus « arbitraire » qu’il exerçait ses fonctions de reporter lors de son arrestation, précise la même source.
Actuellement incarcéré au centre pénitentiaire de Kolea, à l’ouest d’Alger, il a été placé le 29 mars en détention préventive dans l’attente de son procès.
Il est accusé « d’incitation à un attroupement non armé et d’atteinte à l’intégrité du territoire national » après avoir couvert le 7 mars à Alger une manifestation du « Hirak », le mouvement populaire antirégime qui secoue l’Algérie depuis plus d’un an et interrompu dans les rues par l’épidémie.
A l’approche de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, Amnesty exhorte également les autorités à « mettre fin aux restrictions injustifiées imposées aux journalistes et aux médias indépendants en Algérie ».
Trois médias en ligne algériens, actifs dans la couverture du « Hirak », ont été récemment la cible de mesures de censure: deux sites du groupe Interface Médias, Maghreb Emergent et la radio web Radio M, et le site d’information généraliste Interlignes.
Maghreb Emergent et Radio M sont accusés de « diffamation et insulte » à l’encontre du président algérien Abdelmadjid Tebboune.
L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters sans frontières (RSF).
Enfin, Amnesty International réclame à nouveau la fin des poursuites contre les militants et manifestants du « Hirak » qui sont détenus, estimant que les autorités « mettent également en danger leur santé étant donné les risques d’une épidémie de Covid-19 dans les prisons et les lieux de détention ».
Dans un communiqué publié à la veille du 1er mai, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a déploré « l’escalade de la répression des militant.e.s et journalistes » et appelé à « libérer l’ensemble des détenus d’opinion et des journalistes ».
Selon le dernier décompte du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, 51 personnes sont actuellement détenues pour des faits liés au mouvement de contestation.