Dr Sakoba Keïta pas impressionné par le Conseil scientifique : ‘’on prend un gynécologue pour me dicter ce que je fais”
Dans un entretien avec le site d’informations Actujeune.com, le directeur général de l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), a répondu aux critiques du conseil scientifique de riposte à la covid-19 qui accuse son service d’ignorer certaines de ses recommandations. Pour le Dr Sakoba Keïta, le conseil scientifique doit accompagner ses recommandations par des éléments de mise en œuvre.
« Pour mettre une recommandation en œuvre, il faut d’abord voir si c’est acceptable, si on a les moyens. Quand tu dis qu’il faut dépister les 12 000 000 Guinéens, ça c’est une recommandation ? Maintenant, comment on va le faire, avec quel rythme et avec quel moyen. Tu dois me dire l’agenda, qui doit le faire. Ça nécessite combien en besoin, en équipement et en temps. C’est ce qu’on nous demande sur le plan opérationnel. Voilà un peu ce qui nous différencie de certains aux niveaux stratégique et politique. Nous, on est opérationnels. Quand tu nous dis quelque chose, il faut que tu nous dises comment ça va se passer et avec quoi et quand. Toute recommandation doit penser à ça. Si toi tu recommandes tu n’as pas d’argent pour le faire, comment on va faire ? Parce que le Conseil Scientifique n’est pas un organe de bailleur de fonds. Personnellement, je pensais que le Conseil Scientifique comme dans la plupart des pays, c’était pour nous conseiller des stratégies de prises en charge, des essais médicamenteux et beaucoup plus dans la recherche que sur le plan opérationnel”, a-t-il expliqué au micro d’Actujeune.
Par ailleurs, le patron de l’ANSS qui loue son expérience en matière d’épidémie, pointe du doigt le fait que le conseil est composé de personnes ayant moins d’expertise en épidémiologie.
“J’ai étudié avec certains [parmi eux] depuis 1973. Chacun connaît son profil. La santé, vous le savez, il y a des spécialistes parmi nous. Si on prend un dentiste pour aller commander un chirurgien général ou bien un ophtalmologue à l’hôpital, tu sais bien que ça ne marchera pas. C’est à peu près ce qui s’est passé. 40 ans de santé publique, j’ai géré 40 épidémies dans ce pays. Et on me prend un gynécologue que c’est lui qui doit me dicter ce que je fais, alors qu’on a étudié ensemble”.
Brillant épidémiologiste, Dr Sakoba Keita est un produit de l’école cubaine.
Thierno Sadou Diallo