Élections fédérales au Canada: un scrutin incertain pour Justin Trudeau

Le Canada élit ce lundi 21 octobre un nouveau gouvernement. L’actuel Premier ministre, le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, brigue un second mandat. Mais alors que son élection en 2015 a été un véritable triomphe, celui qui se veut le chantre de la diversité et de l’ouverture, peine à mobiliser les Canadiens. Le Parti libéral est au coude-à-coude avec les conservateurs, d’après les sondages. Justin Trudeau doit-il craindre pour sa réélection ?

En tout cas, rien n’est gagné. Mais le Premier ministre se veut combatif. Au propre comme au figuré. Dans une vidéo, il se met en scène sur un ring de boxe. Un sport qu’il pratiquait dans sa jeunesse. Le message est clair : Justin Trudeau se bat pour obtenir une majorité, tout en brandissant la menace d’un retour des conservateurs. « On a vu ce qui s’est passé pendant les dix ans du gouvernement Harper. Il a coupé dans la culture et a reculé sur le protocole de Kyoto et la protection de l’environnement », a ainsi déclaré le chef des libéraux.

Un bilan de gouvernement mitigé

À son compte, il convient de noter le pardon exprimé aux autochtones au nom de l’État, qui a enrôlé de force pendant des décennies des dizaines de milliers d’Amérindiens dans des pensionnats où nombre d’entre eux ont subi des sévices. En 2017, la première « affaire » commence à ternir l’image du jeune et dynamique Premier ministre. Justin Trudeau est montré du doigt par la commissaire à l’éthique pour avoir invité à deux reprises par le milliardaire Aga Khan sur l’une de ses îles aux Bahamas. En 2019, un rapport officiel l’accuse de conflit d’intérêts. Il aurait fait pression sur sa ministre de la Justice afin qu’elle intervienne dans une procédure judiciaire contre une société québécoise, SNC-Lavalin, poursuivie pour corruption. Ce scandale va hanter la fin de son mandat et fera longtemps plonger sa cote de popularité. Il y a quelques semaines, l’affaire dite du « Blackface » a fait irruption dans la campagne. La presse avait publié de vieilles photos sur lesquelles le jeune Justin Trudeau apparaît, le visage maquillé en noir, ce qui est considéré comme un acte raciste outre-Atlantique.

L’affaire du « Blackface », une aubaine pour les conservateurs

Une aubaine pour le rival conservateur Andrew Scheer, qui a attaqué Justin Trudeau de manière frontale lors d’un débat télévisé : « Il est très bon quand il s’agit de faire semblant. Il ne peut pas se rappeler combien de fois il a noirci son visage. En fait, il porte toujours un masque. Il a mis le masque de la réconciliation mais il a licencié la ministre de la Justice, la première femme autochtone à occuper ce poste. Il a mis le masque du défenseur des classes moyennes mais en parallèle il a augmenté leurs taxes. Monsieur Trudeau, vous êtes un imposteur, un escroc et vous ne méritez pas de diriger ce pays ».

Des propos musclés qui n’ont pas changé la tendance de cette campagne : les conservateurs et les libéraux sont en perte de vitesse, au profit de deux autres partis. Pour Frédéric Boily, politologue à l’université d’Alberta, « les deux grands partis qui peuvent former un gouvernement sont tout juste au-dessus de la barre des 30% dans les intentions de vote. Et les autres formations politiques que l’on n’attendait pas, notamment le Nouveau parti démocrate et le Bloc québécois, qui sont à la hausse, laissent entendre que les élections vont être chaudement disputées ».  

Défendant la laïcité et les intérêts du Québec, le Bloc québécois a en effet fait un bond en avant pendant la campagne. D’après les sondages, ce parti, qui ne se présente qu’au Québec, grignote des voix aux conservateurs.

La surprise des élections

L’autre surprise vient du Nouveau parti démocrate (NPD). Son candidat, Jagmeet Singh, a réussi à susciter un certain enthousiasme. Sikh pratiquant, connu pour ses turbans colorés, il est le premier chef d’un parti fédéral issu d’une minorité ethnique. Son parti, qui a fait de l’écologie un sujet central de la campagne, se trouve en troisième position des intentions de vote, ce qui lui donne un rôle clé. Car, en cas de victoire, Justin Trudeau a besoin du NPD pour rester Premier ministre. Mais il serait le chef d’un gouvernement affaibli, car minoritaire, sans majorité stable au Parlement.

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