Guinée : L’instinct de survie de l’ancienne classe politique face à la candidature Doumbouya (Par Khalil Djafounouka Kaba)
La politique guinéenne est un théâtre où les rôles changent, mais où les acteurs eux demeurent souvent les mêmes. Alors que le Président Mamadi Doumbouya s’avance sur la scène comme candidat, un phénomène intrigant se déroule sous les yeux des observateurs : une partie de l’ancienne classe politique, décriée, usée, parfois disqualifiée par les échecs accumulés, cherche aujourd’hui à se recycler, à se réhabiliter, voire à se racheter une légitimité en se greffant à sa candidature.
Ce retour stratégique, qui prend la forme d’alliances opportunistes, de prises de position soudaines ou de déclarations tardives, révèle une réalité profonde : le système ancien n’est pas mort. Il s’adapte.
Chaque transition crée des vainqueurs et des perdants. Et dans ce nouveau paysage, beaucoup de figures politiques d’hier se sentent marginalisées, fragilisées, voire menacées de disparition.
Face à cette situation, un réflexe se renforce : se repositionner coûte que coûte et épouser le vent dominant pour éviter l’oubli.
Le Président Mamadi Doumbouya, devenu une figure centrale du débat national, représente alors une bouée politique, un espoir de résurrection pour des acteurs qui peinent à défendre leur propre bilan.
Ne pouvant incarner eux-mêmes le changement, ces politiciens tentent une autre voie : se faire passer pour les soutiens ou les inspirateurs du “nouvel homme fort”.
Ils réécrivent subtilement l’histoire, redistribuent les responsabilités, se présentent comme des visionnaires incompris, et finissent par se convaincre et tenter de convaincre qu’ils ont toujours été du bon côté.
Le mécanisme est simple. Il consiste à soutenir le candidat Mamadi Doumbouya pour capter sa popularité et confisquer sa légitimité sans assumer leur propre héritage.
Ce phénomène n’est pas propre à la Guinée, il est classique dans les transitions africaines où les élites, très enracinées, savent se prolonger à travers les nouveaux leaders.
Pour le candidat Doumbouya, le risque est réel : celui de devenir malgré lui l’étendard d’un système qu’il prétend dépasser.
L’enjeu n’est pas seulement politique, mais symbolique. Car plus l’ancienne classe politique s’accroche à son image, plus elle tente d’en faire un produit dérivé de ses propres agendas.
Heureusement que le peuple n’est pas amnésique Il a vu, entendu, vécu. Il connaît les visages, les discours, les promesses non tenues.
La Guinée n’a pas besoin d’un changement de façade, mais d’un changement de culture politique c’est à dire moins de calculs, plus de conviction ; moins d’héritiers du passé, plus de bâtisseurs de futur.
