La France est-elle allergique à la prise en charge de leurs destinées par des Dirigeants Africains (Par Ibrahima Sory Keïta)

Francophones : nécessité de s’adapter à l’irréversibilité de souveraineté.

Les relations privilégiées entre la France et ses partenaires francophones africains sont à saluer chaque fois qu’elles sont mises en œuvre pour promouvoir des intérêts mutuellement bénéfiques. Pour autant cela signifie-t-il que des décisions de souveraineté ne peuvent être prises par ces Etats africains sans le feu vert du partenaire français, et par ricochet doivent-ils s’abstenir de les prendre rien que pour ne pas déplaire à la France, alors que ces décisions vont dans l’intérêt de leurs peuples ! En d’autres termes, n’y aurait-il pas anomalie condescendante de la part de la France qui se fâcherait dans de pareilles situations au point de déclencher des représailles ! A ce niveau de présentation du sujet, on va nécessairement penser à la Guinée, et la position de la France a pu perturber la pertinence d’analyse de certains observateurs dans la détermination du peuple guinéen à s’exprimer sur sa destinée. Cependant, quand un autre pays africain est concerné dans ce genre d’expression de souveraineté face à la France, en l’occurrence le Sénégal, cela contribue à n’en point douter à davantage d’éveil dans la prise de conscience concernant la justesse d’affirmation de souveraineté chaque fois que nécessaire et la condamnation de velléités de la France s’y opposant. L’emblématique cas de la Guinée

 Pour ce qui est de la Guinée, on ne va pas refaire l’histoire car on en a largement parlé, il s’agit en substance d’un peuple qui a montré qu’il avait envie de s’exprimer sur le projet de nouvelle Constitution devant le régir et de renouveler en même temps son Assemblée Nationale dont le mandat était échu. Une décision de souveraineté qui n’avait pas l’assentiment du partenaire français plutôt rangé du côté de l’opposition qui était contre l’expression du peuple. Une décision de souveraineté qui s’est traduite notamment au référendum par une forte participation de 58,24% et une éclatante victoire du «Oui» à 89,76% pour une nouvelle Constitution. Au vu de ces résultats, la décision de souveraineté était donc pertinente et la posture de rechignement de la France à son encontre fait désordre. Par ailleurs, on ne peut pas se féliciter d’une telle mobilisation du peuple guinéen pour s’assumer sans saluer le travail remarquable réalisé par l’Institution qui a permis d’organiser cette expression du peuple, à savoir la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante). Du reste, nous l’avions déjà fait dans un précédent article en affirmant notamment sur le problème d’électeurs dit fictifs que la CENI ne pouvait avoir raison qu’a posteriori. Le retour sur cette appréciation du remarquable travail accompli par la CENI est motivé par cet hommage à rendre à son Président récemment disparu, hommage loin de ces effroyables manifestations de réjouissances observées par endroits sur son décès ! Une véritable bêtise humaine, car la mort est la fin du processus de notre existence sur Terre ayant commencé par la naissance, c’est-à-dire la vie. En cela, la mort concerne toute personne sur Terre. Ce n’est donc pas une sanction négative, comme pourraient le penser les tenants de cette bêtise humaine, car une sanction négative à l’encontre de quelqu’un n’est pas un fait commun à tous les Êtres humains, à savoir la mort à laquelle personne ne va échapper. Au contraire, on a entendu dire, au cours de cette vie sur Terre, que la sanction divine, le cas échéant, s’abat sur une personne qui la vivra avant de quitter ce Monde en étant dans une situation de détresse déplorable. Que Dieu nous en préserve tous. Que ceux qui sont dans la thèse de la sanction négative suite à une mort naturelle, du fait notamment de maladie, aillent tout simplement affronter la maladie concernée et montrer qu’ils ne seront pas touchés parce qu’ils ne seraient pas dans une punition supposée la déclencher ! Enfin, pour terminer avec ce chapitre, on peut noter dans un esprit de Croyant que tout Homme a une mission prédéterminée sur Terre correspondant à son destin : pour le Président de la CENI, son destin a été notamment de servir son pays dans la noble prise en charge de sa destinée, et sa disparition a aussi constitué un moment de prise de conscience, à grande échelle, de ce peuple sur  l’état d’esprit d’inhumanité de ceux qui aspirent à le gouverner ! Une mission d’Homme de Dieu !

Expression de souveraineté du Sénégal sanctionnée par la France

Pour ce qui est de l’expression de souveraineté manifestée par le Sénégal et semblant courroucer la France, d’après des médias sénégalais, c’est l’approbation par le Président Sénégalais Macky Sall du protocole du Professeur Français Didier Raoult dans l’administration de la chloroquine dans le traitement du Covid 19 au Sénégal, alors que ce n’est pas le cas de la France. Pour mieux comprendre, il faut remonter à la déclaration du 2 avril dernier du Président Macky Sall affirmant avoir eu «un échange fructueux» avec le Président Macron, et précisant qu’il s’agit «d’harmoniser nos plans de lutte contre le Covid 19 et surtout d’étudier les moyens de résilience économique et sociale de l’Afrique face à la pandémie et à ses effets sur le plan structurel». La décision du Président Macky Sall d’appliquer le protocole du Professeur Didier Raoult, ce que la France n’a pas décidé, constitue-t-elle une rupture «d’harmonie de lutte contre le Covid 19», d’où la colère du Président Macron ? D’autant plus que le Président Macky Sall a rendu un vibrant hommage au Professeur Raoult en saluant «le magnifique travail réalisé par le Professeur Raoult, un natif de Dakar, donc du Sénégal». Le point important souligné par notre analyse, c’est cette décision de souveraineté du Président Sénégalais pour des mesures correspondant à l’intérêt de son peuple, nonobstant une vision contraire de la France, pour des mesures concernant le traitement de ses populations malades du Covid 19, ne pouvant pas, face à leur urgence sanitaire, attendre les résultats issus de la méthodologie de l’Europe qui, selon les mots du Professeur Raoult, «a fait le choix de tester plusieurs protocoles dans d’énormes études dont les résultats ne seront pas disponibles avant plusieurs semaines et portant sur des molécules qui, de toute façon, ne pourront pas être commercialisées rapidement». Et voilà que le choix souverain du Sénégal se traduit par des représailles de la France sous forme de suspension, par la France, de la fourniture au Sénégal de médicaments pour le traitement du Covid 19, même si le Sénégal épuise ses stocks ! En définitive, cette décision de souveraineté du Sénégal sanctionnée par la France rejoint cette autre décision de souveraineté de la Guinée désapprouvée par la France, toutes ces 2 décisions de souveraineté ayant pour dénominateur commun la primauté des intérêts de leurs peuples. Finalement, la France ne serait-elle pas le problème dans la détérioration de relations partenariales en donnant l’impression de vouloir régenter à la place de partenaires souverains ! Ne doit-elle pas accepter de reconnaitre que ses partenaires connaissent mieux que quiconque les moindres intérêts de leurs peuples, ce qui n’exclut pas la France dans l’expression et l’échange avec ses partenaires sur ses visions et préoccupations concernant ces partenaires. La lueur d’espoir dans l’acceptation, par la France, de l’irréversibilité de facultés de prises de décisions souveraines par ses partenaires francophones d’Afrique, réside dans ce qu’il nous semble être la réalité du marché international, la grande capacité d’adaptation du Président Français, et pour ce qui concerne la Guinée, la grande disponibilité du Président Guinéen, le tout concourant à des convergences harmonieuses.

Pour un partenariat harmonieux : impératif de dépassement pour y arriver

Dans la mondialisation caractéristique de notre époque, se traduisant notamment par une interdépendance des différents pays de notre Univers, à travers des économies nationales ouvertes sur un marché mondial, le partenariat est un facteur de développement gagnant/gagnant, et il mérite donc d’être entretenu. Dans l’espace partenarial entre la France et les pays africains francophones, ces différents pays membres ont donc tous à y gagner, notamment au niveau de leurs acteurs économiques dont les relations se traduiront par une libre circulation des marchandises, des capitaux, des services, des personnes, des techniques ainsi que de l’information. La réalité économique est donc tellement prégnante qu’il pourrait être difficile de vouloir la bloquer du fait de mesures extra économiques. On a ici à l’esprit ces opérateurs économiques qui malgré des interdits, ont pu négocier avec une Organisation «djihado-terroriste» pour continuer à fonctionner, ou encore ont pu contourner des embargos pour commercer avec des pays sous embargo. Face à cette réalité économique, une exigence de dépassement s’impose donc au niveau des acteurs étatiques dont la France est l’épicentre, et nul doute qu’à ce niveau on pourra à nouveau apprécier la grande capacité d’adaptation du Président Français. Celle-ci s’est mise en œuvre notamment lorsque le Président Français, Chef des Armées, a couvé, selon des observateurs, son Armée en augmentant son budget de 2018 suite à ce que les médias ont relaté et reflété par le titre suivant de «L’Express», à savoir : «Tensions entre le Président Macron et l’Etat-major des Armées», cela ayant eu lieu le 14 juillet 2017. Cette grande capacité d’adaptation s’est encore mise en œuvre, à la suite du mouvement des «Gilets jaunes» se considérant en gros comme des laissés-pour-compte par l’Etat, et cela s’est traduit par le «Grand débat» initié par le Président Français du 15 janvier au 15 mars 2019 consistant à aller à la rencontre de ses compatriotes Français en vue de solutions appropriées. On peut encore citer la présence effective du Président Macron au congrès annuel des Maires de France en 2019 dont il a présidé l’ouverture, cela faisant suite à son absence au congrès de l’année précédente qui avait offusqué les Maires, d’où sa grande capacité d’adaptation reflétée par certains extraits de médias du genre « Un an après avoir boudé la réunion, changement de cap…Emmanuel Macron se rendra au Congrès des Maires de France…et multiplie les signes en direction des Élus…en décorant quatre Maires de la Légion d’honneur (à la veille du Congrès des Maires)… ». Il y a même cette adaptation sur une autre candidature présentée à la Commission européenne en novembre 2019 : le Président Français avait présenté une 1ère candidature rejetée par les Eurodéputés, et c’est une autre candidature présentée toujours par le Président Français qui a été validée par le Parlement européen pour siéger à la nouvelle Commission européenne. Elle existe donc cette grande capacité d’adaptation du Président Français, et s’il avait misé sur un candidat en Guinée, son expérience récente lui enseigne qu’il doit se tourner vers la personnalité validée par le peuple de Guinée. Le Président Français, dans son rôle pivot, a face à lui, pour ce qui concerne la Guinée, son homologue le Président Alpha Condé qui est d’une grande disponibilité pour un partenariat mutuellement bénéfique et respectueux de la souveraineté de son pays. Tous les espoirs sont donc permis pour que le partenariat franco-guinéen ne souffre d’aucune incompréhension.

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